Rester curieux face aux possibilités offertes par la technologie

Publié le 21/02/2024 dans Solutions à la une

Craindre les nouvelles technologies n’est pas le meilleur réflexe qui soit selon Hetty Helsmoortel. Mieux vaut en comprendre et en accepter les bénéfices. “Les technologies peuvent assister et même transcender le cerveau humain.”

Rester curieux face aux possibilités offertes par la technologie

Lors du Nerdland Festival – dont elle est co-organisatrice – la célèbre scientifique Hetty Helsmoortel s’est fait implanter une puce sous-cutanée dans la main (conséquence, semble-t-il, d’un pari perdu avec le producteur de télévision Lieven Scheire). “La fusion physique d’un être humain et d’une machine s’appelle un cyborg”, explique la scientifique. “C’est donc ce que je suis devenue.”

La puce ne lui apporte pour l’instant que quelques avantages pratiques. Pour payer sans contact, Hetty Helsmoortel n’a qu’à tendre la main vers le terminal. Plus besoin de clé pour ouvrir sa porte d’entrée : la puce s’en charge. Un gadget ? Certainement pas. “Ces applications s’avèrent très commodes pour les personnes qui souffrent, par exemple, de la maladie de Parkinson et qui ont perdu leur motricité fine.”

Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui prendra nos emplois, ce sont les personnes qui travaillent avec l’IA.

Hetty Helsmoortel

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Une puce dans le cerveau

Le pouvoir conjugué des nouvelles technologies et des implants, notamment, a permis de formidables avancées dans le domaine médical. “Imaginez un œil bionique : des lunettes dotées d’une caméra transmettent des images à une puce implantée dans le cerveau pour permettre de voir à nouveau.” Cette capacité à établir une connexion avec le cerveau humain nous fait entrer peu à peu dans l’univers des cyborgs, qui n’existaient jusqu’à présent que dans la science-fiction. “Il en existe déjà de nombreux exemples fascinants”, poursuit Hetty Helsmoortel.

Ainsi, raconte-t-elle, le cas de cet homme atteint de paralysie et capable de remarcher grâce à une puce qui capte la commande envoyée par le cerveau aux muscles des jambes et qui transmet ce signal, via Bluetooth, aux électrodes implantées dans ses muscles. Autre exemple : celui d’une femme qui avait perdu la parole. La puce implantée dans son cerveau capte ce qu’elle a l’intention de dire et un synthétiseur vocal traduit ses pensées en mots. Cerise sur le gâteau : il utilise la voix réelle de la personne, reconstruite grâce à l’IA sur la base d’anciens enregistrements.

Il nous faudrait ouvrir la technologie, pour qu’elle soit accessible à tous, y compris dans les pays émergents.

Hetty Helsmoortel

Halte au catastrophisme

“Chaque année, les chercheurs déposent plus de 200.000 brevets pour de nouveaux implants médicaux”, souligne la scientifique. “Le nombre de cyborgs devrait donc progresser rapidement dans les prochaines années.” Ces technologies posent bien évidemment la question du respect de la vie privée et de la sécurité, mais nous ne devons pas nécessairement en avoir peur. “Je considère cette évolution comme très positive.

Cette technologie nous permet de pallier les lacunes du corps humain et même de le transcender. Une bonne raison de l’adopter.” Qu’en est-il toutefois de l’idée-catastrophe répandue, selon laquelle l’IA nous privera de nos emplois ? “Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui prendra nos emplois, ce sont les personnes qui travaillent avec l’IA.”

L’IA envahira-t-elle bientôt le monde ?
Selon Chris Umé, l’intelligence artificielle n’est rien sans le talent humain.

L’IA selon Chris Umé

Une technologie ouverte

Il est dès lors essentiel de bien encadrer les choses, ne fût-ce que pour éviter une société à deux vitesses avec, d’un côté, les personnes pucées – pour parler ainsi – et, de l’autre, celles qui n’ont pas accès aux implants. “Il nous faudrait ouvrir la technologie, pour qu’elle soit accessible à tous, y compris dans les pays émergents par exemple”, estime Hetty Helsmoortel. Une perception assez répandue dans le monde technologique.

Il nous faut par ailleurs rester réalistes. “Ce n’est pas comme si la technologie allait tout résoudre d’un coup. Nous ne devons pas trop en attendre. Dans le monde de la recherche, les choses progressent à très petits pas, au rythme de chaque découverte.” Ces découvertes ne sont pas toujours spectaculaires, ce qui peut constituer un obstacle. “Il est essentiel de continuer à investir dans la recherche fondamentale, un domaine qui a besoin de ressources tant humaines que matérielles.”

Un défi pour l’enseignement

Une application comme ChatGPT a permis à un très grand nombre de personnes de découvrir une nouvelle forme de technologie, y compris dans l’enseignement. “Je pense que c’est une véritable bénédiction”, s’exclame Hetty Helsmoortel. “Les jeunes utilisent bien sûr ChatGPT pour leurs travaux scolaires. C’est peut-être une bonne occasion de faire le point sur l’enseignement.” Il en va de même pour les entreprises, qui pourront s’interroger sur les nouvelles technologies. “Envisager les possibles, voilà l’essentiel. Rester curieux, c’est cela qui compte.”

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