« Être créatif et saisir les opportunités n'est jamais peine perdue »
Publié le 24/04/2020 dans Service
À cause de la crise du coronavirus, énormément d'entreprises se sont tournées vers la vente en ligne mais que faire si votre entreprise est axée sur l'apprentissage manuel ? Charlotte Abeloos possède un studio de poterie à Anvers. Faire des vases sur un tour de potier, appliquer une couche de vernis, cuire dans un four à plus de mille degrés... Voilà autant de choses que l'on ne peut pas facilement faire chez soi. Ou bien si ? Grâce à des tutoriels en ligne, Charlotte espère inciter les gens à se lancer de manière créative et « conserver ainsi ma notoriété, bien sûr ».
Vous avez ouvert Sukoon Studio l'an dernier. Comment vous est venue l'idée d'un propre atelier de poterie ?
« Je faisais de la poterie depuis cinq ans déjà et je ne vivais au début que des ventes, qui étaient très irrégulières. J'avais aussi passé quelque temps dans un espace de travail partagé à Londres, où j'ai beaucoup appris. Il m'est alors venu l'idée de démarrer une initiative similaire ici, à Anvers. J'organise des cours pour débutants, des ateliers (privés) et des séances d'initiation. J'envisage aussi, à partir de septembre, d'ouvrir le studio en coworking, avec des gens qui ont déjà de l'expérience. »
« Tous les revenus sur lesquels mon business model était basé ont soudainement disparu. »
Quel impact la crise actuelle a-t-elle sur votre business model ? Les cours de maths ou de langue peuvent encore être dispensés en ligne, mais je suppose que c'est beaucoup moins évident avec la poterie ?
« En effet. J'ai été contrainte de fermer le studio et tous les revenus sur lesquels mon business model était basé ont soudainement disparu. Donc tout ce qui me permettait de payer le loyer de l'atelier et, bien entendu, mon propre salaire. »
Une situation délicate donc. Comment avez-vous réagi ?
« L'important est de conserver ma notoriété. Je veux faire en sorte que mes élèves actuels ne m'oublient pas et j'espère qu'après la crise, de nouvelles personnes aussi trouveront le chemin de mon studio. C'est pourquoi j'ai publié une série de tutoriels en ligne. »
À qui sont-ils destinés ?
« Tant à mes élèves qu'aux gens à la recherche d'une occupation créative, par exemple les personnes au chômage technique qui sont à la maison avec leurs enfants. Ces tutoriels sont gratuits sur YouTube, et ceux qui veulent faire vernir et cuire leurs réalisations pourront le faire après la crise, moyennant une petite contribution financière. »
Faisiez-vous déjà cela avant la crise ? Comment vous y êtes-vous prise ?
« Mon modèle de vente était initialement entièrement physique, car c'est important pour moi que les gens puissent découvrir l'ambiance du studio. J'ai simplement filmé moi-même les tutoriels et les ai publiés sur les réseaux sociaux. Ne vous attendez donc pas à une qualité professionnelle (rires). Dans les vidéos, j'explique les bases. Ceux qui veulent se lancer peuvent acheter l'argile chez moi. »
Comment garantir que tout se déroule sans aucun contact ?
« C'est extrêmement important pour moi, étant donné que je suis moi-même une patiente à risque. Je ne vais même plus au supermarché en ce moment. La vente se fait sur rendez-vous et je dépose simplement l'argile sur le pas de la porte du studio à l'heure convenue. Cela fonctionne très bien ainsi. »
« Ce n'est pas dans ma nature de publier beaucoup de choses sur les réseaux sociaux, je dois toujours réfléchir longuement à ce que je vais mettre en ligne. Mais je commence à en voir les fruits. »
Comment atteignez-vous les gens ? Utilisez-vous beaucoup les réseaux sociaux ?
« Avant, je les utilisais principalement pour faire de la pub. Pas des publicités payantes, mais surtout des ateliers avec des influenceurs. C'est ce qui fonctionne le mieux pour moi. Ce n'est pas dans ma nature de publier beaucoup de choses, donc je dois toujours réfléchir longuement à ce que je vais mettre en ligne. Mais je me force à le faire davantage et je remarque que ça commence à porter ses fruits.
Maintenant que je dispose de plus de temps pour réaliser des créations, j'en fais aussi des publications et je reçois beaucoup de réactions. J'ai quelques abonnés en plus chaque jour. Eh oui, les gens n'ont pas vraiment mieux à faire en ce moment que de passer leur temps sur Instagram (rires). Et c'est ainsi qu'ils découvrent mon studio ! »
Vous mentionnez vos propres créations. La fermeture obligatoire est-elle pour vous une bonne occasion d'essayer de nouvelles choses ?
« Oui : étant donné que je consacrais tout mon temps au studio, je n'en avais plus pour mes propres créations. Je viens désormais chaque jour au studio pour réaliser des choses et expérimenter. En ce moment, je suis sur un projet qui me trotte dans la tête depuis quelque temps déjà : des poteries dans lesquelles j'incorpore du sable que j'ai ramené de mes voyages.
Mais une telle collection prend du temps, beaucoup de temps. Peut-être même qu'elle ne sera terminée que quand le studio pourra rouvrir... Mes expérimentations avec les tutoriels sont aussi très chouettes : c'est agréable de montrer des techniques à des gens et d'en voir ensuite le résultat. »
Quels conseils donneriez-vous aux autres entrepreneurs qui se trouvent dans la même situation ?
« Si vous voyez une opportunité d'adapter votre business model, osez franchir le pas. Ce n'est jamais peine perdue, car ce sont souvent des choses que vous pourrez continuer à faire à côté, même après la crise. Par exemple, beaucoup d'entrepreneurs se sont mis à livrer de la nourriture à domicile. Ce n'est pas parce que votre bar ou votre restaurant est ouvert à nouveau que vous devez arrêter de le faire. Ces revenus complémentaires sont toujours les bienvenus, n'est-ce pas ? »
Quelles sont les grandes leçons que vous tirez personnellement de cette situation ?
« Que cela vaut la peine d'être créatif et de réfléchir à de nouvelles manières de gérer son activité et de conserver sa notoriété. On ne communique jamais assez, ce qui est très important, notamment auprès des clients existants. Les gens sont très compréhensifs. »
Serez-vous fort occupée quand cet épisode sera derrière nous ?
« Je devrai rattraper beaucoup de leçons, donc je l'espère. Mais tout dépend de la manière dont les mesures vont évoluer. Nous devons surtout veiller à ce que cela reste un environnement sûr. Car l'incertitude constitue en effet le plus grand problème. Nombre d'entrepreneurs peuvent survivre deux mois sans revenus, mais pas quatre ou cinq mois. Heureusement que les pouvoirs publics interviendront. »
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Katleen
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