« Pour entreprendre, il faut suivre ses intuitions et être persévérant »
Publié le 24/04/2020 dans Service
Avec trois générations de père en fils, Slagerij Rondou est toujours une véritable affaire de famille à Louvain. Pour Filip, la tradition est donc très importante, mais cela ne l’empêche pas d’avoir des idées visionnaires. En effet, bien avant le début de la crise du coronavirus, il a eu l’idée d’ouvrir un point de retrait sans contact en périphérie de la ville : la Rondou Boetiek. « Tout le monde me prenait pour un fou. Mais aujourd’hui, cela porte ses fruits. » Cet entrepreneur pur jus partage avec nous ses sept conseils qui ne connaissent pas la crise.
1. Faites ce que vous aimez et visez l’excellence.
Rondou est une boucherie pur jus. Ici, pas de service traiteur ni de sandwich club. Et cela marche. « Nous avons toujours accordé une place centrale à la viande. C’est notre créneau. Mes clients apprécient cela, car ils se rendent compte de l’importance d’un produit de qualité pure. Notre spécialité, c’est la viande maturée de 8 à 12 semaines. Nos clients aiment pouvoir choisir entre différentes variétés et durées de maturation. »
Pourtant, Filip a hésité avant de reprendre la boucherie. « Après mon service militaire, j’ai travaillé un an à la boucherie. Mais ensuite, j’ai décidé d’obtenir mon diplôme de marketing en cours du soir. Pendant mon stage, j’ai réalisé que je ne voulais pas rester assis à un bureau. J’avais en moi la passion du métier, et la distance m’a permis de le réaliser. 30 ans plus tard, je n’ai jamais regretté cette décision. »
Aujourd’hui, Rondou se compose d’une équipe soudée de sept employés passionnés. « Nous avons toujours connu une belle croissance. Et depuis que nous avons des enfants, ma femme s’est également investie dans l’entreprise. »
« La Rondou Boetiek a demandé beaucoup de temps et de travail, mais tout le monde en profite : personne n’a été mis au chômage économique.»
2. Suivez vos intuitions.
« Et si j’ouvrais un deuxième commerce ? » Filip s’est souvent posé la question, sans trouver la bonne raison de se lancer. Il était pourtant persuadé qu’il pouvait faire plus. « Je n’avais pas envie de gérer deux activités en même temps. Et proposer une copie de ma boucherie n’était pas aussi simple qu’on ne le croit.
Mais je voulais tout de même proposer le même service à mes clients à un autre endroit. Car tout le monde ne peut pas accéder facilement à ma boucherie, qui se trouve au centre-ville. C’est ainsi qu’est née l’idée de Rondou Boetiek, un point de retrait en périphérie de Louvain. »
L’idée de Filip a suscité des réactions perplexes. « Les gens me prenaient pour un fou. Ils disaient que personne n’avait besoin de ça. Aujourd’hui, je suis très heureux de l’avoir fait. En tant qu’entrepreneur, il faut suivre ses intuitions. Et être persévérant. Les chiffres ne font pas tout. Nous avons délibérément choisi une approche locale, à destination des gens du coin. Nous apportons également les commandes à la Boetiek avec notre vélo cargo électrique pour être le plus durable possible. Un choix tout à fait naturel. »
Depuis, son intuition a plus que porté ses fruits. « Les commandes n’arrêtent pas : les gens ont peur de sortir, mais ils veulent continuer à se faire plaisir. Voilà comment Rondou Boetiek a pris son envol pendant la crise du coronavirus. Cela a demandé beaucoup de temps et de travail, mais toute l’équipe en profite. Personne n’a été mis au chômage économique. »
3. Adaptez-vous au contexte.
Lors de l’annonce des mesures strictes pour lutter contre le coronavirus, il y a eu un léger vent de panique. Mais FIlip s’est adapté rapidement à la situation. « Nous nous sommes d’abord demandé : “Comment faire pour respecter la distance d’un mètre et demi ?” Mais le jour suivant, tout le monde avait déjà pris le pas.
Nous avons de toute façon l’habitude de travailler de manière très hygiénique, car nous n’utilisons pas de conservateurs. Tout désinfecter, nettoyer sa tenue de travail tous les jours… Tout cela était déjà naturel chez nous. Les principaux changements concernent le marquage au sol et le fait d’accueillir seulement deux clients à l’intérieur. »
Rondou a en outre adapté ses heures d’ouverture. « Nous avons demandé à nos clients de commander le plus possible en ligne et de venir chercher à la Boetiek. Par conséquent, nous commençons et fermons plus tôt, afin de pouvoir livrer les commandes à temps. »
Et la réaction des clients ? « On remarque directement que les gens ont plus de temps maintenant. On cuisine plus souvent à la maison, en famille. Les commandes sont donc plus grandes. »
« Parfois, il faut tirer le meilleur parti du pire. Chaque crise produit de meilleures idées. »
4. Chaque crise est un moment d’apprentissage.
La crise actuelle ne doit pas forcément être négative pour votre activité. Filip en est convaincu. « Parfois, il faut tirer le meilleur parti du pire. Chaque crise produit des idées. On est obligés de se réorienter. En tant qu’entrepreneur, si vous “n’entreprenez” pas assez, vous n’avancez plus vraiment. J’appelle cela se mettre en pilote automatique.
Ce n’est pas forcément mauvais mais vous n’innovez plus. Or avec la crise, vous pouvez prendre du recul et vous demander ce que vous pouvez optimiser. Vous pouvez innover dans toutes les branches de votre activité, mais vous devez d’abord bien réfléchir. Et vouloir y accorder l’énergie nécessaire. »
« Savoir s’arrêter peut parfois être très bénéfique, au lieu de toujours se réfugier dans le travail.»
5. Offrez-vous des moments de pause et de réflexion.
Développer son activité demande du temps et de l’énergie. Filip le sait. Mais savoir lâcher prise fait également partie du processus. Si les affaires marchent bien, vous pouvez aussi vous offrir une pause. « Avant, je restais 12 heures par jour au magasin. Depuis deux ans, je prends deux demi-journées de congé par semaine et je vais me balader avec mon chien.
Ce sont ces moments-là qui génèrent des idées comme celle Rondou Boetiek. Savoir s’arrêter peut donc aussi être très bénéfique, au lieu de toujours se réfugier dans le travail. Vous pouvez également faire une étude de marché, demander l’avis des clients… Cela permet toujours d’y voir plus clair. »
Y a-t-il d’autres projets en vue ? « Je me suis interdit de mettre un nouveau projet sur pied. Rondou Boetiek a déjà demandé plus de travail que prévu ! (Rires.) Mais j’ai pourtant bel et bien l’intention d’étendre ce concept, et d’ouvrir d’autres points de retrait. Cette crise a en quelque sorte tout accéléré. »
6. Investissez dans la relation avec le client.
Pour Filip, proposer un service excellent et avoir un bon contact avec ses clients sont plus importants que tout. « Certains de nos clients ont plus de 80 ans. Ils font partie du groupe à risque et ne peuvent donc pas quitter la maison. Au vu de notre ancrage local, nous pouvons les aider sans problème.
Pour les livrer, nous utilisons notre vélo-cargo électrique, pour qu’ils aient droit eux aussi à un bon morceau de viande. De plus, cela leur permet de garder un contact social. Il faut éviter qu’ils tombent dans la solitude. Nous échangeons donc avec plaisir quelques mots avec eux, à distance. »
7. Saisissez les opportunités.
Avec Rondou Boetiek, Filip visait un public composé de couple à deux revenus disposant de peu de temps. Pourtant, le lancement avait livré d’autres enseignements : « Nous avons d’abord touché un public plus âgé, composé de personnes moins mobiles ne pouvant pas se rendre facilement au centre-ville, mais à l’aise avec l’utilisation d’internet. Avec la crise, l’opportunité de toucher ce public plus jeune s’est représentée. Nous avons envoyé un e-mail et publié un message sur Facebook à propos de Rondou Boetiek. Avec succès : lors du lancement en janvier, nous enregistrions 100 commandes par semaine, contre 400 aujourd’hui. »
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Katleen
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