« Restez fidèle à vos valeurs »
Publié le 10/04/2020 dans Service
Architecture, dessin, peinture, upcycling, cuisine… Les moyens de développer sa créativité sont légion au sein d’Art & Craft Academy à Ixelles. Une créativité qui sera plus que probablement très utile à cette ASBL aujourd’hui, afin de trouver des alternatives aux ateliers qu’elle organisait en temps normal, et qu’elle ne peut plus proposer. Sophie, la fondatrice, ne manque pour autant pas de ressources et continue à avancer en restant fidèle à ses valeurs.
Créée il y a plus de 5 ans, l’ASBL Art & Craft Academy propose des ateliers créatifs principalement pour les enfants mais aussi pour les adultes. Une offre qu’elle a dû mettre au point mort pour le moment à la suite des mesures de confinement prises par le gouvernement. « Nous voulons toutefois continuer à proposer des ateliers, avant tout pour apporter un moment de créativité à nos participants, et pas uniquement pour combler le manque à gagner. Car notre projet comporte une forte dimension humaine. Il faut beaucoup réfléchir, mais nous trouvons des solutions qui ravissent tout le monde »
Commençons par le commencement : comment avez-vous réagi aux premières décisions du gouvernement ?
« Même si l’on parlait uniquement au début du secteur de l’HoReCa, je me suis sentie tout de suite concernée. Le même week-end [14-15 mars, NDLR], j’organisais des anniversaires où beaucoup d’enfants et de parents devaient être présents. Or on parlait déjà de limiter le plus possible les rassemblements en groupes.
J’ai donc appelé personnellement tous les participants pour leur annoncer qu’il valait mieux tout annuler. Il fallait faire passer le bien-être de la société humaine avant celui de mon activité. Sans le réaliser, je décidais par la même occasion de fermer temporairement mon académie. Un choix difficile, mais pour moi la santé passe avant tout. »
Comment ont réagi vos élèves ?
« Tout le monde, parents et enfants inclus, comprenaient ma décision. Je leur ai d’ailleurs tout de suite dit que je ne les oubliais pas. Trois cours étaient encore prévus avant les vacances de Pâques, et je sentais directement en moi que je devais leur proposer quelque chose. C’était pour moi une responsabilité éthique par rapport à leur engagement [les cours étaient payés, NDLR]. Dès le lundi 16 mars, je les ai invités à participer à un atelier vidéo prévu le mercredi suivant. Pour y prendre part, ils devaient simplement venir chercher un petit kit à l’académie. »
Cette première initiative a-t-elle eu du succès ?
« Tout le monde était ravi. Les enfants ont pu réaliser leur bricolage tout seul, sans l’aide de leurs parents. La demande d’une deuxième activité a donc été immédiate. Mais pour l’organiser, j’ai dû tenir compte du renforcement du confinement. »
C’est-à-dire ?
« Après le 18 mars, il n’y avait plus que les supermarchés et les pharmacies qui restaient ouverts. Je devais donc proposer un bricolage réalisable avec des matières disponibles dans ces endroits-là ou, encore mieux, avec du matériel que les gens ont chez eux, à la maison. Comme des rouleaux de papier toilette par exemple ! (Rires.)
Cette contrainte a par ailleurs été très instructive pour moi, car je me suis rendu compte que l’on pouvait être vraiment créatifs avec peu de choses. Un enseignement qui s’inscrit par ailleurs parfaitement dans les valeurs de l’académie. »
Les vacances de Pâques arrivent, et vous aviez bien sûr des stages prévus. Avez-vous trouvé une alternative à ce sujet ?
« Pour les stages, c’est plus compliqué. Je ne peux pas toujours demander à mes élèves d’être présents à une heure fixe. Je pense donc me diriger vers une offre de tutoriels, à raison d’un bricolage par jour, et donc cinq sur une semaine. Cette solution offre beaucoup de flexibilité : pas d’horaire, on peut appuyer sur pause, revenir en arrière… Pour moi, c’est également un challenge, car je dois parfaitement séquencer mon bricolage, mais ça ne peut qu’être enrichissant au final. »
Comment envisagez-vous la suite ?
« Si le confinement devait se prolonger jusqu’au début de notre troisième trimestre [à partir de la dernière semaine d’avril, NDLR], je vais sans doute continuer sur le principe des séances vidéo, en petits groupes, mais avec un logiciel plus adapté que celui testé jusqu’à présent. Et étendre mon offre aux adultes également. »
Retirez-vous déjà des enseignements de cette période particulière ?
« Il faut maintenir un lien avec les autres. Montrer qu’on est toujours là, que l’on a encore quelque chose à proposer. De plus, dans notre secteur, nous avons un rôle à jouer envers la société. Stimuler la créativité est primordial pour le développement humain. Et l’organisation d’ateliers, même au moyen de la vidéo, permet de garder un lien social, tellement important pour nos participants. Il fallait voir le visage ravi des enfants qui voyaient leurs autres copains et copines par l’intermédiaire de l’image… Et sur un plan plus personnel, cela me permet aussi de me renouveler dans mon approche. »
Avez-vous des conseils à donner ?
« Il faut rester fidèle à ce que l’on fait, à ce que l’on est. Aux autres entrepreneurs, je dirais : ʺRestez confiant et n’agissez pas dans un sentiment de peur. Prenez du recul et trouvez un moyen de vous renouveler. » Enfin, je pense également qu’il ne faut pas se limiter à l’aspect financier, même s’il est bien sûr important. L’intention est pour moi fondamentale. Si vous restez fidèle à vos valeurs, ceux qui vous faisaient confiance avant seront encore là après. »
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Katleen
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